Le 16 octobre 1984, le garçon était retrouvé mort dans la Vologne, une rivière des Vosges. L'affaire n'est à ce jour toujours pas résolue.
«Je me suis vengé du “chef” et j'ai kidnappé son fils. Je l'ai étranglé et je l'ai jeté à la Vologne. Sa mère est en train de le rechercher mais elle ne le retrouvera pas. Ma vengeance est faite.» Le 16 octobre 1984, aux alentours de 17h30, Michel Villemin reçoit ce coup de fil anonyme. Cela faisait plus d'un an que le «Corbeau», ce harceleur téléphonique qui menaçait sa famille depuis 1981, n'avait pas appelé. Il prend l'appel d'autant plus au sérieux que «le chef» auquel il est fait référence n'est autre que son petit frère, Jean-Marie Villemin, un contremaître dans une usine automobile de 26 ans.
Le petit garçon que ce dernier a eu avec son épouse Christine s'appelle Grégory, il a 4 ans et demi. C'est un beau gamin qui fait la fierté de ses parents. Mais ce mardi soir, le «Corbeau» dit vrai: le petit a disparu du tas de gravier sur lequel il jouait devant sa maison. Son cadavre est retrouvé pieds et poings liés quelques heures plus tard dans une rivière, la Vologne, à 6 kilomètres de chez lui. Le bonnet rayé que sa mère lui avait mis au retour de chez la nourrice pour le protéger du froid de ce début d'automne dans les Vosges est maintenu par une cordelette et recouvre le visage paisible du petit garçon.
Immédiatement, les médias deviennent obsédés par cet assassinat sur fond de rivalités familiales, devenu par la suite l'un des plus grands mystères criminels de l'histoire française. Dirigée par un jeune juge d'instruction avide de célébrité, «le petit juge» Jean-Michel Lambert, l'enquête s'enlise peu à peu et donne lieu à des événements tragiques. En mars 1985, Jean-Marie Villemin tue l'un des suspects potentiels, son cousin Bernard Laroche. Pendant sa détention préventive, son épouse sera aussi incarcérée onze jours, soupçonnée d'être à l'origine de la mort de son fils. En 1993, la justice déclare un non-lieu à l'endroit de Christine Villemin pour «absence totale de charges».
Quarante ans après la mort de petit Grégory, les coupables de son meurtre n'ont toujours pas été identifiés, malgré la mise en examen de plusieurs personnes jusqu'en 2017 et l'identification d'un des «corbeaux» en 2023 –une fausse piste. La justice travaille toujours activement sur l'affaire: début 2024, la cour d'appel de Dijon a demandé une nouvelle étude de certains éléments d'enquête. En attendant la résolution du cold case le plus célèbre de France, voici une sélection de récits pour tout connaître du dossier (ou presque).
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