Marine Vlahovic en septembre 2021 à la Maison de la poésie, pour une table ronde intitulée «Journalisme de guerre» lors du festival Radio et podcast: on en parle, organisé par Télérama et la Maison de la poésie. | Capture d'écran Maison de la Poésie - Scène littéraire via YouTube
Cela fait déjà plus d'une semaine que la mort de Marine Vlahovic a été rendue publique en des termes bien mystérieux: «Marine Vlahovic, 39 ans, journaliste et documentaliste, a été retrouvée morte sur le toit-terrasse de son appartement à Marseille. Une enquête a été ouverte.» Ancienne correspondante pour des médias francophones à Ramallah, Marine Vlahovic s'était installée à Marseille depuis quatre ans, épuisée par la cadence folle de l'info. Elle s'était tournée vers le podcast et les formats documentaires longs, principalement pour Arte Radio.
Récompensé du prix du meilleur podcast documentaire au Paris podcast festival 2021 et sélectionné parmi les dix meilleurs podcasts de 2021 de Slate, Carnets de correspondante restera sans doute son travail le plus connu. Elle y racontait son quotidien de correspondante en Cisjordanie, à grand renfort d'enregistrements personnels qui dévoilaient l'envers du décor de la fabrique de l'information.
On y découvrait le rythme effréné d'une journaliste précaire, éloignée des rédactions parisiennes. Les heures passées dans les embouteillages causés par des checkpoints. Les journées sans manger à enchaîner les reportages et les coups de fil. La frustration de voir l'actualité de sa zone géographique reléguée en fin de journal par la mort de Johnny Hallyday. Le traumatisme de scènes sanglantes où des balles l'ont frôlée. Et bien sûr, la dissonance cognitive entre ses reportages à Gaza et ses courses chez Ikea en Israël.
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