Le vendredi 16 octobre 2020, un compte Twitter publie la photo d'une tête décapitée accompagnée d'une légende sans équivoque: «À Macron, le dirigeant des infidèles, j'ai exécuté l'un de tes chiens de l'enfer qui a osé rabaisser Muhammad.» Derrière l'écran, Abdoullakh Anzorov, 18 ans, vient d'assassiner et de décapiter Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie, à quelques mètres du collège du Bois d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où il enseigne.
Les deux hommes ne se connaissent pas. Pourtant, Anzorov a ciblé Paty personnellement. Depuis une dizaine de jours, le professeur était accusé par la famille d'une élève d'avoir montré des caricatures dégradantes du prophète Mahomet lors d'un cours d'enseignement moral et civique (EMC) et d'avoir demandé aux élèves musulmans de sortir de la classe.
Des rumeurs fondées sur le mensonge d’une jeune élève, qui n'avait pas assisté au cours en question et qui s'était présentée comme la victime d'un professeur islamophobe pour justifier son exclusion du collège. Islamiste radicalisé, le jeune Abdoullakh Anzorov, qui vivait à plus de 80 kilomètres du collège du Bois d'Aulne, avait eu vent de cette histoire et s'était mis en tête de venger cette insulte à sa religion. Quelques minutes à peine après avoir posté la photo de sa victime sur son compte Twitter, il est lui-même «neutralisé» par des policiers de Conflans-Saint-Honorine. Il ne sera donc jamais jugé pour son crime.
Un procès a pourtant débuté à Paris il y a quelques jours devant la cour d'assises spéciales de Paris pour juger huit personnes. Six autres ont déjà été condamnées pour leur implication dans cette affaire, en 2023 devant le tribunal pour enfants de Paris –à huis clos. Le procès qui vient de s'ouvrir et qui devrait durer jusqu'au 20 décembre est donc le premier procès public concernant l'assassinat de Samuel Paty.
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